[Ecole de Foot] Interview : Farès Bourdache, responsable de la catégorie U10
FCM : Bonjour Farès, vous êtes le responsable de la catégorie U10 du FC Massy 91, vous avez une belle carrière de joueur, pouvez-vous nous la décrire ?
Farès : Bonjour à tous. Avant tout j'espère que tout le monde se porte bien en cette période difficile. Comme beaucoup d'entre nous, j'ai commencé le football à Massy jusqu'en U12, avant de signer à Palaiseau en U14 R1 et U16 R1. Après avoir intégré les sélections départementales et régionales s'est proposée à moi la possibilité d'intégrer le sport-études de Brétigny. Mais j'ai opté pour le Centre de formation du Red Star 93, où je vais évoluer des U17 Nationaux jusqu'à la Ligue 2, me permettant d'être convoqué avec la sélection algérienne au Tournoi International de Toulon. Mes pépins de genoux m'empêcheront d'y participer et m'obligeront à revoir mes objectifs : je vais donc jouer au niveau National (Évry, Romorantin, Les Lilas, Bayonne, Les Ulis) avec de très belles montées, dont celle inoubliable avec l'AS Évry en National.
FCM : Comment êtes-vous devenu éducateur ?
Farès : Ma carrière étant derrière moi, j'ai estimé qu'il était tant de partager ce que le foot m'avait apporté. J'ai donc passé le BMF afin d'être à la hauteur du projet qui m'était proposé au FC Massy 91et j'ai vite compris que de bons joueurs ne font pas automatiquement de bons éducateurs et que le cursus des certifications reste essentiel pour avancer correctement. Chaque éducateur est différent et je profite de la parole qui m'est donnée pour saluer tous les éducateurs qui m'ont aidé et dirigé tout au long de mon périple de joueur. Ahmed Abbaoui à Massy, Jean Marie Panza et Jacky Vivien à Palaiseau, Patrice Lecornu et Abdel Djaadaoui au Red Star 93, Bernard Touret à Évry, Vincent Duffour à Romorantin, Bruno Coton aux Lilas, Christian Sarramagna à Bayonne et Mamadou Niakathe aux Ulis. Je trouve qu'on ne remercie jamais assez les éducateurs qui s'investissent dans la vie d'un joueur. Comme ça c'est fait !
FCM : pouvez-vous nous présenter la catégorie U10 ?
Farès : La catégorie U10 a un effectif de presque 60 enfants ; il s'agit d'enfants âgés de 9 ans, en classe de CM1. Cette année, il y a beaucoup de nouveaux joueurs, nous les avons tous intégrés de la meilleure des manières, quel que soit leur niveau de pratique. Nous avons positionné 5 équipes. Dans l'ensemble ce sont des enfants curieux qui dégagent une volonté d'apprendre et de progresser.
FCM : Qui sont les éducateurs en U10 et comment sont-ils recrutés ?
Farès : Nous travaillons avec 5 éducateurs :
- Bahi est en charge des U10 A,
- Labane des U10 B,
- Noah des U10 C,
- Hamza des U10D
- et William des U10 E.
La plupart des éducateurs sont en activité au club en tant que joueur. Ils connaissent bien le fonctionnement. Ils sont choisis en fonction de leurs expériences et de leurs diplômes. Ce sont des éducateurs serviables et passionnés, pour lesquels l'enfant reste au centre de notre projet.
FCM : Combien d'entrainement par semaine en U10 ? Est-ce suffisant ?
Farès : Les joueurs U10 participent à 2 ou 3 entraînements par semaine ainsi qu'un match tous les samedis. Je trouve qu'à cet âge-là, c'est suffisant, car nous nous concentrons sur la qualité des entrainements plutôt que sur la quantité. Nous voulons que l'enfant trouve un juste équilibre et un bien être dans sa vie de tous les jours, entre l'école, la famille, le foot et les autres loisirs.
FCM : Quel est le contenu de vos entrainements ? Qu'apprennent les enfants en U10 ?
Farès : Dans cette catégorie, nous continuons d'insister sur la répétition pour l'acquisition des cinq fondamentaux, ce qui permet une vraie progression dans la relation technique joueur/ballon. Nous respectons donc la programmation éditée par nos responsables de l'école de foot. Nous commençons aussi à travailler tactiquement car à cet âge, l'enfant est en capacité de raisonner sur des schémas collectifs simples. Interviennent donc des notions de bloc, d'espace, de possession et d'initiatives individuelles et collectives, afin de développer l'intelligence du jeu et d'inciter à la prise de décision.
FCM : Vous avez décidé cette année d'être responsable de la catégorie U10, mais de laisser le coaching de l'équipe A à Ibrahim Tall. Pourquoi et comment cela se passe ?
Farès : Après avoir travaillé 3 ans avec les 2009 et 3 ans avec les 2010, il me semblait logique de me concentrer sur les 2011 afin d'essayer d'avoir 3 générations consécutives, plutôt compétitives. J'ai donc préféré ne pas avoir d'équipe cette année pour avoir une vue plus globale sur la catégorie et donc avoir aussi un peu plus de recul dans certaines décisions. L'intérêt principal restant l'épanouissement de chaque enfant. J'ai aussi pris cette décision pour mettre mes éducateurs dans de bonnes conditions de travail.
J'ai nommé Bahi éducateur des U10 A de par son parcours de joueur (FC Nantes, PSG, sélection Mauritanie) et d'éducateur au sein du club. C'est une juste récompense car c'est un éducateur motivé qui apporte chaque fois les corrections techniques et tactiques, mais aussi parce qu'il maintient un esprit d'équipe en favorisant l'aspect collectif. Labane, Hamza et Noah ont aussi ce profil, ils complètent donc parfaitement le staff U10.
FCM : Vous suivez votre enfant actuellement en U11, il est prometteur, comment gérez-vous sa carrière ?
Farès : Mon fils fait partie de la génération 2010 et il faut mettre en avant cette très belle génération U11 qui travaille et progresse avec Grayson et William, des coachs exigeants et passionnés. Au tournoi du FC 93, les résultats et la finale perdue aux penaltys après avoir éliminé au passage Metz, Nice, l’OL, l’OM, Lille et Valenciennes ont attiré la curiosité de certains et non des moindres. Je le laisse donc travailler et créer son propre style de jeu avec ses éducateurs. Et je reste sur mon rôle de papa, mais je le conseille quand il en a besoin.
FCM : Existe-t-il des groupes de niveau en U10 ?
Farès : Il y a effectivement des groupes de niveau en U10 et c'est tout à fait normal. Les enfants sont parfois très durs entre eux, je me dois d'être vigilant et de positionner l'enfant dans le groupe qui lui correspond le mieux pour son bien-être et sa progression. Certains progressent plus vite que d'autres, mais afin d'avoir des réponses supplémentaires nous mettons en place des tests techniques et athlétiques 3 à 4 fois par an, afin de voir leur niveau et surtout leur évolution.
FCM : Quand vous posez la question aux enfants « quel est votre projet », ils répondent tous : « je veux être pro » ! Est-ce que c'est difficile à gérer ?
Farès : Il faut laisser les enfants rêver, il faut être positif tout le temps et se servir de cet objectif pour les faire travailler et progresser. Mais sans oublier de leur dire que l'école reste prioritaire afin d'avoir des joueurs forts et intelligents. Alors on leur répète que même les clubs pros demandent les bulletins scolaires et c'est une vérité aussi à Clairefontaine, pour le concours national du pôle espoir.
En U10 il n'y a pas de recruteurs, c'est trop tôt, on parle d'enfant qui ont 9 ans et qui ne maîtrisent pas tous les fondamentaux. Si un recruteur venait me poser des questions sur un joueur de 9 ans, je serais un peu surpris car l'évolution et la progression des enfants varient dans les deux sens. A cet âge-là il n'y a que du jeu, du travail et du plaisir. Certains peuvent avoir des aptitudes, voir de l'avance, mais ils sont souvent rattrapés l'année suivante. Laissons donc travailler les enfants tranquillement sur un projet liant le sportif, l'éducatif et l'associatif. L’utilisation du Programme Éducatif Fédéral nous permet de ne pas faire fausse route.
FCM : Comment gérez-vous la pression des parents à cet âge-là ?
Farès : Je reste toujours dans la communication positive avec les parents, je suis moi-même père de famille et je suis plus à même de comprendre leur ressenti et de répondre à leurs questions. Mais je suis aussi le premier à leur demander de rester dans leur rôle. Autour d'un enfant, il y a l'éducateur et les parents. Ils ont chacun une mission complémentaire pour le bien être de celui-ci. Que chacun respecte son rôle. J'aimerais que les parents soient là pour transporter et encourager leur enfant, mais je voudrais qu'ils se concentrent aussi sur le travail invisible pour l'éducateur : le sommeil et l'alimentation par exemple. On aimerait aussi voir beaucoup plus de parents participer à la vie du club, ils sont les bienvenus.
FCM : Comme vous êtes issus du milieu pro, conservez-vous des contacts avec des recruteurs et échangez-vous concernant le niveau des enfants ?
Farès : Je reste en contact avec certains recruteurs qui sont surtout des amis, des anciens éducateurs ou des anciens coéquipiers. Nous échangeons et je les invite régulièrement au club afin de voir l'évolution de notre projet ainsi que nos équipes compétitions. Ils sont toujours les bienvenus.
FCM : Que peut-on améliorer à Massy ?
Farès : Nous sommes la deuxième ou troisième ville de l'Essonne et je vois dans notre ville comme dans notre club une transition positive. Massy est une ville sportive et dynamique représentée par le Rugby, la Natation, le Handball, la Boxe, le Football et beaucoup d'autres sports. Nous avons tous le même objectif : représenter notre ville du mieux que nous pouvons. J'espère qu'on nous mettra encore plus de moyens pour continuer à mieux représenter notre ville. Nos éducateurs ne comptent pas leurs heures et je les félicite tous.
FCM : Vous êtes également éducateur en U18 : comment gérez-vous la double casquette U10 et U18 ?
Farès : Je travaille avec Brahim sur la Catégorie U18 R2, la période est un peu difficile. Nous avons fait un super stage de préparation à Sochaux avec la rencontre de plusieurs responsables de clubs pros. Les joueurs étaient en pleine possession de leurs moyens, mais l'arrêt de la pratique sportive nous fait repartir à zéro. Nous avons respecté les décisions prises par la Mairie. Nous espérons donc reprendre progressivement avec l'accord du Gouvernement. Je fais confiance aux joueurs car leur détermination à travailler et représenter le club est sans faille.
FCM : D'origine algérienne, suivez-vous les performances de l'équipe d'Algérie ? Qu'en pensez-vous ?
Farès : Je suis le championnat algérien et de par mes racines kabyles, j'ai toujours scruté les résultats de la JS Kabylie car c'est vraiment un bon club et beaucoup de bons joueurs y sont sortis. Je pense entre autres à Moussa Saïb qui a ensuite signé à Auxerre, Valence, Tottenham et Monaco.
FCM : Est-il possible qu'on vous retrouve entraineur professionnel en Algérie un jour ?
Farès : Tout est possible, mais ma priorité c'est le projet FC Massy 91 et tous les petits Massicois.
FCM : Quel est votre club préféré ?
Farès : Mon club préféré reste le PSG même si j'avoue que le LOSC et le Stade Rennais m'impressionnent par leur régularité et leur montée en puissance.
FCM : Quel est votre club européen préféré ?
Farès : Le Real de Madrid et le PSG.
FCM : Votre joueur français préféré ?
Farès : Kanté.
FCM : Votre joueur européen préféré ?
Farès : CR7.
FCM : Votre entraineur préféré ?
Farès : Didier Deschamps pour son parcours exceptionnel, Zizou pour ses 4 Ligues des Champions et la dernière Liga.
FCM : Qui voyez-vous gagner la ligue des champions cette année ?
Farès : Je vais sûrement vous surprendre, mais je vois l'Athletico de Madrid cette année. L'effectif est impressionnant surtout avec l'arrivée du revanchard Suarez et Diego Simeone à la manœuvre.
FCM : Qui va gagner l'euro 2021 ?
Farès : La France.
FCM : Qui va gagner la Coupe du Monde 2022 ?
Farès : La France.
FCM : Le mot de la fin pour vous Farès :
Farès : Je voulais tout d'abord saluer et remercier tous les parents pour la confiance qu'ils nous accordent. Saluer aussi les responsables de notre institution qui se battent becs et ongles avec nous, pour faciliter le bon fonctionnement du club, et saluer aussi les représentants de la Mairie.
FCM : Merci Farès.
27-11-2020 13:44:23